Vous avez déjà entendu l’expression qui dit qu’un livre peut bousculer une vie. Difficile à croire pour nous jusqu’à présent, mais désormais on vous le confirme car on en a fait l’expérience.
Certains aiment user les bancs de l’université autant que le cuir de leur selle et de longues heures à la bibliothèque universitaire peuvent faire émerger des idées saugrenues. Victor Segalen a donné son nom à l’université de lettres de Brest. Ce médecin de marine était par ailleurs un immense poète romancier et plus encore un aventurier passionné par l’Asie.
En 1899, il revient pour des vacances en Bretagne. Elles lui inspirent son premier livre. « A Dreuz an Arvor » est le récit de son périple estival à vélo. Littérature et cyclisme sont parfois plus proches que ce que les idées reçues pourraient laisser croire. A l’occasion des 120 ans de la sortie de ce livre, Camfrout VTT Nature souhaitait rendre hommage à l’homme et revivre autant que possible son épopée.
L’itinérance, c’est du vélo autrement. C’est une promenade dans la géographie et dans l’histoire. Un porte à porte avec le patrimoine. Le Scott Spark RC de celui qui ne veut laisser aucune trace sera transformé en vélo de la Poste pour l’occasion : deux grosses sacoches sur l’arrière.
Les jeunes du CVN auraient été jaloux de son aisance à rouler en wheeling. « El Factor » est notre Romain Bardet. Durant tout le périple et malgré un vélo mal équilibré, il envoya les plus gros watts prouvant que l’âge n’impose aucune limite. Respect.
Départ ce mercredi 10 avril au matin, on vous embarque… dans les sacoches évidemment.
On s’est raconté des histoires durant 3 jours. Celles des lieux dits, celles des figures qui ont fait l’histoire locale. Henri Le Moal incontournable à Plozevet, Pierre Jakez-Hélias autre monument de la littérature bretonne originaire de Pouldreuzic, les résistants de Plogoff sans qui le sentier côtier aurait, aujourd’hui, été bouché par une centrale nucléaire. En somme, comme le dit la formule, « nous partîmes à trois, mais par un prompt renfort ; nous nous vîmes trois milles en arrivant au port » d’Audierne bien entendu.
Bref, un périple sportif, humain, mais bien plus encore. Au CVN, on aime le vélo pour ce qu’il nous permet de faire. Ces 3 jours sont aussi un bac entre deux rives : celle du sport et celle du voyage. Clin d’œil à celui de Loctudy qui nous aura permis de quitter le pays bigouden pour rallier Concarneau.
Le dernier jour, on a pris le train, celui qu’avait emprunté Victor Segalen pour ralier Concarneau à Locmaria Berrien. Un train fantôme car le transport ferroviaire a été supplanté par la bagnole en moins d’un siècle. Mais les lignes n’ont pas disparu. On peut encore voire des rails sur celle que Victor avait emprunté, et qui est aujourd’hui, devenue une piste cyclable. On l’a suivi durant 90km avant de bifurquer sur Huelgoat et finir notre périple romanesque autour d’une bière et d’un far breton.
Un grand merci à Yvon qui a bossé la carto et que l’on suivrait n’importe où tellement il est à l’aise : la force tranquille. Un autre grand merci à El Factor, doyen de la section, qu’il n’aura pas fallu tanner longtemps pour le convaincre de nous suivre… enfin de nous devancer.
Victor Ségalen était précurseur. Il a inventé le Gravel bien avant l’heure. Pour nous, la lecture de son livre aura bousculé notre pratique et ouvert de nouvelles perspectives…
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